Partie Decouverte 1, Round 6

Alors que le trapéziste balance encore au dessus de vous, suspendu interte à la corde que vous lui avez passé au cou avec soin, les applaudissements croissants du public vous rappellent à l’ordre. C’est un public demandeur que vous avez ce soir, un public avare, gourmand, et qui réclame toujours plus de spectacle. Le prochain doit impérativement se préparer rapidement pour ne pas decevoir son public.

Ce prochain, c’est Floo. Il a conscience des enjeux qui l’attendent mais rien n’y fait : plus rien ne l’effraie. Pas la perspective de rater son spectacle, ah non, il se sait talentueux, et pour ce clown p il est incensé et inenvisageable de concevoir un echec. Pas nonplus la mort, qui en traîtresse a fauché ce soir bon nombre de ses compagnons. Lui se rit de la mort, comme il se rit de la vie. C’est peut être cela, d’ailleurs, qui a fait de lui ce qu’il est devenu, loin de l’enfant pleurant que sa mère, une bohémienne miséreuse, a soldé à ce cirque contre la promesse d’un avenir meilleur pour l’enfant. Oui, le clown se rit de la vie, et c’est de ce rire qu’il a construit la sienne. Et il le sait, ce soir ce rire va devoir être contagieux. Alors qu’il s’apprète à rentrer en scène avec l’aide de Kirikayué, qui lui apporte son materiel, et les encouragements d’Aneko, le directeur annonce au public l’entrée du clown prodige, et projette sur scène un jeu de lumière pourpre qui éblouit toute la salle et permet d’acceuillir Floo marchant sur une grosse boule. Mais tres vite il doit amortir un chute, visiblement calculée au vue du rire du clown. S’en suit une succession de gags loufoques, de chutes pathétiques et de jeux hilarants.

Le numéro s’achève sous un triomphe d’applaudissements, et tandis que Floo pénètre les coulisses, il fait face à une nouvelle mise en scène funeste. La photo de chacun des membres de la troupe est accrochée au mur, un poignard sur chacune d’entre elle, sauf la sienne, celle du directeur, et celle de Kirikayué. Son regard se pose sur celle d’Aneko, elle aussi transpercée d’un poignard. Il ne lui faut que quelques instants pour réaliser qu’il doit partir à la poursuite de son camarade avant qu’il soit trop tard. Et c’est en s’engouffrant dans les loges qu’il fait face à ce dernier, gisant devant la loge du directeur, un poignard dans le cœur.

Floo sentant comme une menace peser sur lui il tourne les talons, se jette dans les coulisses et se terre derriere une pile de cordes, de foulards, et autres accessoires utiles au spectacle. Pourtant, alors que le clown se pensait hors de danger, un énorme choc electrique lui parcourt le dos et le contraint à s’effondrer à terre. Il comprend à la mare de sang dans laquelle il baigne qu’un poignard s’est abattu dans son dos tel une épée de damoclès. Effectivement, descendant comme une veuve noire d’un cordage au plafond, Kirikayué se laisse glisser jusqu’au sol et s’agenouille devant le clown impuissant. « Ce soir je voulais être la seule à briller » murmure t’elle à l’oreille de son ami .Et alors que ce dernier affiche un ultime sourire résigné car conscient de sa mort imminente, la lanceuse marche de son talon sur la jambe de la victime et plonge en son corps un dernier couteau. Et pendant que Floo achève son agonie dans des gémissements étouffés, la lanceuse de couteaux et le directeur qui l’attendait devant sa loge quittent discrètement le chapiteau par une porte arrière et d’un dernier geste, lancent main dans la main une alumette sur l’habitacle qui prend feu dans les derniers hurlements du public.



THE END !